[ Pobierz całość w formacie PDF ]

les faits, avait parcouru longtemps la Grèce avant d'écrire les Gestes du bienheureux Denis. La conversation
se prolongeant, Abélard, sommé de s'expliquer, dit qu'on ne pouvait mettre l'autorité d'Hilduin en balance
avec celle de Bède, révéré de toute l'Église latine, et que, sur le fond de la question, peu importait qui des deux
Denis eût fondé l'abbaye, puisque tous deux avaient obtenu la couronne céleste. L'indignation fut alors
générale; on s'écria qu'il montrait bien qu'il avait de tout temps été l'ennemi du couvent, et qu'il voulait
aujourd'hui flétrir l'honneur, non-seulement de ce grand établissement religieux, mais de tout le royaume dont
LIVRE PREMIER. 52
Abelard, Tome I
l'Aréopagite avait toujours été le glorieux patron; et l'on courut rendre compte à l'abbé du scandale dont on
venait d'être témoin. Celui-ci se hâta d'assembler le chapitre; puis, en présence de la congrégation entière, il
menaça Abélard d'envoyer aussitôt au roi qui tirerait une réparation éclatante d'une si monstrueuse offense. Il
semblait que l'imprudent lecteur de Bède eût porté la main sur la couronne. Il s'excusa de son mieux, et offrit,
s'il avait manqué à la discipline, de réparer sa faute; mais ce fut en vain, et l'abbé ordonna de le bien surveiller
jusqu'à ce qu'il le remît au roi.
[Note 130: Act. XVII, 34. Bède le Vénérable, prêtre anglo-saxon, a composé, au VIIe siècle, sur la
philosophie, les sciences, l'histoire ecclésiastique et l'Écriture sainte, des ouvrages très-remarquables pour son
temps. Le passage auquel Abélard fait allusion se trouve dans les Expositions du Nouveau Testament. (Bed.
Ven. Op.. t. V, Exp. Act. Apost., c. XVII.) Quant à la question, les moines de Saint-Denis avaient tort sur un
point; on ne peut plus soutenir raisonnablement aujourd'hui que Denis l'Aréopagite, martyr du Ier siècle, soit
le Denis patron de la France, apôtre de Paris, et qui mourut vers le milieu du IIIe. Mais il y a erreur dans Bède;
l'Aréopagite a bien été évêque d'Athènes; et l'évêque de Corinthe, qui n'est pas l'Aréopagite, est celui qu'on
vénérait en France et qui a donné son nom à l'abbaye de Saint-Denis. Pour tout accommoder, en 1215,
Innocent III, sans se prononcer pour aucune opinion, donna à la royale abbaye les reliques de Denis
d'Athènes, afin qu'elle eût les restes des deux saints de ce nom. Mais c'était au fond décider la question, ou
dire que les reliques jusque-là conservées à Saint-Denis n'étaient pas celles de l'Aréopagite. (Ab. Op., p. 25,
et Not., p. 1189. Tillemont, Mém. pour servir à l'hist. ecclés., t. II, p. 133 et 718, et t. IV, p. 710.)]
L'hostilité de ses supérieurs et de ses frères paraissait implacable; on dit même que la punition monacale, le
fouet, lui fut infligée pour avoir été de l'avis du vénérable Bède[131]. Poussé à bout par tant d'acharnement et
de violence, las de voir toujours ainsi la fortune le contrarier dans les moindres choses, et le monde entier
conjuré contre lui, il résolut de sortir d'esclavage, et, d'accord avec quelques frères qui compatissaient à ses
peines, aidé de ses amis, il s'enfuit secrètement une nuit, et gagna la terre de Champagne, qui n'était pas
éloignée et où se trouvait la retraite déjà habitée par lui quelque temps. Thibauld, comte de Champagne, de
qui il n'était pas inconnu, s'était intéressé aux persécutions qu'il avait éprouvées; et, sous sa protection, il
demeura à Provins, dans le prieuré de Saint-Ayoul[132], occupé par des moines de Saint-Pierre de Troyes et
dont le prieur était un de ses anciens amis. En même temps, il essaya de se réconcilier, et il écrivit à l'abbé de
Saint-Denis et à sa congrégation une lettre que nous avons encore, et où, discutant la question tranchée par
Bède, il la décide en sens inverse et conclut que le vénérable auteur s'est trompé ou que les deux Denis ont été
évêques de Corinthe[133]. Mais cette concession fut inutile.
[Note 131: Ut fama est, ajoute Duboulai qui raconte ce fait. (Hist. Univ. par., t. II, p. 85.)]
[Note 132: Saint-Ayoul est la traduction altérée de Saint-Aigulfe, nom d'un prieuré soumis à l'évêché de
Troyes et fondé en 1018. ( Gall. Christ., t. XII, p. 530.)]
[Note 133: Ab. Op. pars II, ep. II, Adae dilectissimo patri suo abbati, p. 224.]
Pendant qu'il jouissait à Provins des douceurs d'une bienveillante hospitalité, une affaire attira dans cette ville
l'abbé de Saint-Denis auprès du comte de Champagne; Abélard, de son côté, vint sur-le-champ, avec son
ami le prieur, trouver Thibauld, et lui demanda d'intercéder pour lui, afin d'obtenir de son abbé l'absolution et
la permission de vivre suivant la règle monastique, partout où bon lui semblerait. Adam voulut en conférer [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • blogostan.opx.pl